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L'accès à une juste appréciation de Paul Valéry et de son oeuvre est barré par deux genres d'obstacles : les sottises accumulées sur ses poèmes par les improvisations de la critique ; la légende, qu'il avait lui-même contribué à créer, d'un Valéry cartésien, formaliste, etc. Sur ce dernier point, la récente publication des Cahiers fournit le moyen d'une révision. C'est ce que montre ici M. Duchesne-Guillemin, à propos du "Faust", en une étude inédite où apparaît un Valéry inconnu, à la recherche du grand amour. Des études antérieures, qui ont mérité à leur auteur la médaille Richelieu de l'Académie française, sont ici reprises : exégèses prudentes qui, tentant d'éclairer la lettre des poèmes et d'en retrouver le mouvement d'âme, anticipaient sur les révélations des Cahiers. À part quelques exceptions, les poèmes de Valéry exprime un certain mouvement profond, toujours le même où se confondent la tension vers la connaissance, et la montée vers le plaisir, et qui jamais n'aboutit qu'à un seuil, à une limite qui ne se peut franchir que dans la mort ou le mythe. En effet, pour tout homme qui pense, il n'y a, hors la fable, pas d'aboutissement, de satisfaction substantielle, qui étancherait la soif essentielle. Tel est le pathétique de l'intellect, que personne n'avait chanté comme l'a fait le poète des Charmes. Valéry ne nous a pas seulement laissé une oeuvre belle, mais il nous excite à penser, et l'ensemble de son oeuvre et de sa vie nous paraît riche d'une foule d'enseignements.
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