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La dysphasie est un trouble spécifique, sévère et persistant du langage oral qui affecte particulièrement le développement morphosyntaxique. Les enfants dysphasiques sont en effet moins productifs et davantage dépendants à l’input langagier. La Théorie Usage et Construction postule que les difficultés morphosyntaxiques de ces enfants engendrent une sur-spécification de la fonction et une sous-spécification de la forme, ce qui implique un renforcement des troubles, empêchant les enfants d’abstraire des schémas de construction. De plus, les théories constructivistes postulent que le langage se construit sur base de processus cognitifs généraux. Le raisonnement analogique est un processus cognitif qui permet notamment de réaliser des analogies. Selon les théories constructivistes, ces analogies favorisent l’abstraction de schémas de construction morphosyntaxiques. Un déficit au niveau du raisonnement analogique pourrait donc expliquer les difficultés d’abstraction de schémas de construction morphosyntaxiques des enfants dysphasiques. Ces enfants présentent en effet ce déficit de raisonnement analogique, les empêchant d’abstraire un schéma de construction dû à leur dépendance à la similarité perceptuelle et leur manque de sensibilité à la similarité relationnelle entre items. Les enfants dysphasiques pourraient donc se baser sur un paradigme d’alignement progressif, introduisant progressivement la variabilité en vue d’identifier les similarités relationnelles et abstraire un schéma de construction morphosyntaxique. Nous avons testé l’effet de ce paradigme auprès de trente enfants dysphasiques et leurs pairs tout- venant de même âge linguistique lors d’une tâche d’abstraction d’un schéma de type Sujet- Objet-Pseudo-verbe. Les sujets ont été répartis aléatoirement entre les deux conditions expérimentales. La première implique un paradigme d’alignement progressif alors que la seconde propose un ensemble d’items perceptuellement différents. Les résultats obtenus ne démontrent aucune différence entre les groupes. Les enfants dysphasiques semblent donc posséder des capacités de raisonnement analogique semblables à celles de leurs pairs tout- venant de même âge linguistique. Un effet de l’alignement progressif dans l’abstraction du schéma de construction morphosyntaxique a été mis en évidence. Le lien entre raisonnement analogique et développement du langage est renforcé. Cela a donc des implications cliniques importantes : ce paradigme d’alignement progressif constitue un ingrédient actif prometteur quant aux prises en charge logopédiques proposées aux enfants dysphasiques, s’inscrivant dans une démarche d’Evidence-Based Practice.
Développement du langage --- Troubles du langage --- Trouble spécifique du langage --- Dysphasie --- Morphosyntaxe --- Raisonnement analogique --- Alignement progressif --- Abstraction --- Généralisation --- Schémas de construction --- Sciences sociales & comportementales, psychologie > Traitement & psychologie clinique
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La dysphasie est un trouble spécifique, sévère et persistant, du développement du langage oral (Leroy, 2013). La nature et l’origine des déficits langagiers rencontrés par les enfants dysphasiques font encore l’objet de nombreuses recherches. Plusieurs études ont montré que le langage influençait le raisonnement analogique (Son et Al., 2012) mais aussi que le raisonnement analogique pouvait avoir un impact sur le développement langagier (Casenhier et Goldberg, 2005 ; Gentner et Namy, 2006). Ainsi, selon Leroy (2014) le langage et le raisonnement analogique s’influencent mutuellement. Plusieurs compétences sont nécessaires pour résoudre une analogie. Par exemple, il est essentiel de posséder de bonnes compétences langagières (Masterson, Evans et Aloia, 1993), ou encore de bonnes capacités d’inhibition (Leroy et collaborateurs, 2014). Ces compétences font défaut aux enfants présentant une dysphasie (Morrison et Al., 2004 ; Morrison et Al., 2011). On comprend aisément pourquoi ces enfants possèdent de moins bonnes capacités de raisonnement analogique que des enfants tout-venant de même âge chronologique (Leroy, Parisse et Maillart, 2012). Ainsi, l’hypothèse d’un déficit de raisonnement analogique chez les enfants dysphasiques n’est plus à prouver. L’objectif de notre étude est de connaître les stratégies qui sous-tendent le raisonnement analogique chez les enfants dysphasiques via la méthode de l’eye-tracking. Les performances des enfants dysphasiques seront comparées à celles d’enfants contrôles appariés en âge chronologique (AC) mais aussi en âge linguistique (AL). L’analyse des résultats nous montre que les enfants dysphasiques ne sont pas plus impactés par la complexité de la tâche que les enfants contrôles AC et AL. Par contre, la présence de plusieurs distracteurs dans la tâche va baisser la performance des enfants dysphasiques comparativement aux enfants AC et AL. Concernant les stratégies de résolution d’analogies, les enfants dysphasiques réalisent plus de fixations sur les distracteurs et passent plus de temps sur ceux-ci que les enfants contrôles appariés en âge chronologique. Cependant, ils obtiennent un nombre de fixations et un temps de fixation sur les distracteurs similaires aux enfants appariés en âge linguistique. Ces résultats nous permettent d’envisager que les enfants dysphasiques possèdent des stratégies de résolution d’analogies différentes que celles des enfants AC. La présence de distracteurs, d’interférences, impacte considérablement leur performance à la tâche de raisonnement analogique.
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