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La ville d'Armentiéres est située le long de la vallée de la Lys, aux portes des Flandres, à l'intérieur d'une zone d'influence de la métropole lilloise. Cette situation assez particuliére a donc favorisé son développement au fil des siécles. La Lys, tout d'abord, a engendré trés vite, dans les premiers siécles de notre ére, la sédentarisation des premiers habitants sur une voie romaine qui longeait le cours d'eau. En territoire flamand jusque dans la deuxiéme moitié du dix-septiéme siécle, Armentiéres a accueilli des ouvriers qui sont venus inculquer leur savoir-faire dans l'art du textile, le tissage et la filature. Enfin, la métropole lilloise, toute proche, et particuliérement la ville de Roubaix, a servi d'exemple à la ville en matiére de développement et d'industrialisation.C'est dans des villes comme Armentiéres et non pas dans les grandes et anciennes cités qu'est née la Révolution Industrielle. En effet, voies navigables, matiéres premiéres et énergie à proximité étaient particuliérement propices à la formation de ces villes industrielles. Par la suite, la mécanisation des moyens de production et l'augmentation des rendements a entraîné l'arrivée massive de main d'œuvre qui s'est rassemblée au sein de l'agglomération. Une agglomération qui n'a fait que croître, pour le cas d'Armentiéres, dans la deuxiéme moitié du dix-neuviéme siécle et qui a permis à la ville d'acquérir la réputation de capitale de la vallée de la Lys et de premier producteur français de toiles de lin.Aprés la crise des années trente, Armentiéres a su entamer une reconversion, qui se poursuit encore aujourd'hui et qui a permis la diversification des activités industrielles et la possibilité d'acquérir un visage nouveau.C'est probablement à cette époque de vive industrialisation que l'on a vu l'apparition des quartiers, ces parties de la ville qui se sont distinguées les une des autres, principalement de par des ruptures dans la continuité spatiale de la ville et, également, de par la ségrégation des différentes classes sociales dans la répartition au sein des quartiers. Dans la caractérisation d'un quartier, les termes spatial et social apparaissent liés de maniére indissociable.Comme pour la sédentarisation des premiers habitants et la fondation de la bourgade, c'est la Lys qui a favorisé l'implantation de l'industrie à l'endroit du quartier de la route d'Houplines. C'est un quartier qui s'est formé trés rapidement, pour la plus grande partie à la fin du dix-neuviéme siécle. C'était un quartier ouvrier extrêmement densément peuplé, où se mêlaient usines et habitat ouvrier, un de ces quartiers nés de la nécessité d'implanter les usines hors des limites de la ville, faute de place à l'intérieur de ces limites.A l'époque de la Révolution Industrielle, le paysage du quartier de la route d'Houplines, c'était les usines. Des usines surmontées de leurs cheminées, et l'activité qu'elles engendraient. Les maisons des ouvriers, quant à elles, presque identiques, multiplication d'un modéle de base, se succédaient, le long de la rue, qui était un espace privilégié de rencontres et d'échanges, le support d'une intense vie sociale et d'une animation permanente. Une particularité de ces quartiers ouvriers constituait dans l'envahissement presque systématique des intérieurs d'îlots sous la forme de cours, de courées, des rangées de petites maisons auxquelles on accédait par un couloir étroit et sombre, un passage réservé entre deux maisons situées à front de rue.Par comparaison des photographies actuelles avec d'anciennes cartes postales, on peut s'apercevoir qu'aujourd'hui, dans le paysage du quartier de la route d'Houplines, tout témoigne d'une tentative d'adaptation des structures du passé à un nouveau mode de vie qui est celui de notre société contemporaine, et où l'individualisme prime sur la notion de pensée collective. L'espace de la rue a été envahi par les voitures, et les individus y ont perdu toute possibilité d'échanges. Les riverains se sont peu à peu isolés de la rue et des autres. Les logements ont perdu l'homogénéité dont ils étaient témoins par le passé, preuve du régne de la pensée individuelle dans notre société, ou, tout du moins, de l'accession à une identité autonome. Concernant les logements des courées, ce sont eux qui ont le plus souffert de l'évolution des modes de vie, car devenus totalement inadaptés. Malheureusement, la disparition des courées entraîne la disparition du souvenir de la période d'industrialisation du dix-neuviéme siécle.Comme un peu partout dans la ville, on peut voir la disparition des usines, inadaptées aux nouvelles techniques. La municipalité poursuit la reconversion de l'aprés-crise par le réinvestissement de ces parcelles de terre laissées libres, et ayant perdu toute valeur économique. Mais on s'aperçoit qu'il ne peut pas en être de même avec la totalité des structures du passé. Et ce sont les habitants eux-mêmes qui ont pris en charge l'adaptation de leurs logements aux nouvelles normes. Preuve que l'adaptation est et doit être envisagée en terme de continuité avec le passé, et non pas en terme de rupture.Car le patrimoine industriel, le site industriel et les structures qu'il a engendrées constituent une véritable source renfermant une partie de l'histoire de l'homme, de son existence morale et sociale. Ce patrimoine est lié à une époque, à une histoire et aux personnages qui l'ont faite, et sa conservation permet à l'homme de découvrir, de garder et de transmettre ses propres racines.
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Cité ouvrière --- Logement social --- Lens
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BANLIEUES --- CITE OUVRIERE --- DESINDUSTRIALISATION --- MEMOIRE INDUSTRIELLE --- FRANCE --- BANLIEUES --- CITE OUVRIERE --- DESINDUSTRIALISATION --- MEMOIRE INDUSTRIELLE --- FRANCE
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Cité ouvrière --- Utopie urbaine --- Architecte --- Garnier, Tony, 1869-1948
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