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Dans un monde actuel soumis à la privatisation de la guerre et de la défense, où les armées traditionnelles cèdent le pas devant des milices de tout poil : mercenaires, comités de défense, SMP (Société militaire privée, ou PMC : Private military company), soldats de Dieu, etc., il est légitime de s'interroger sur ce temps qui a précédé l'affirmation des armées nationales, longtemps ciment de notre citoyenneté. Que furent les milices de la première modernité, au sortir du Moyen Âge et jusqu'à la grande révolution militaire qui suit la guerre de Trente Ans (1618-1648) ? Les études présentées ici ont le rare avantage de se départir de cadres – et donc d'historiographies – nationaux. En confrontant une France déchirée par les guerres civiles et religieuses – que certains n'hésiteront pas à rapprocher du Moyen-Orient actuel – avec l'empire mondial de l'Espagne, leurs auteurs n'hésitent pas à revisiter nos histoires. Ainsi, les milices de France ne sont pas interprétées ici seulement à l'aune de l'expression d'une identité locale qui s'effacerait progressivement devant les conquêtes d'un sentiment national, vieux poncif d'une Troisième République triomphante. L'usage des milices locales dans l'empire espagnol nous alerte sur l'erreur qui consisterait à penser la disparition des milices comme inscrite dans une pseudo-modernité. L'actualité nous rappelle cruellement combien cette approche téléologique de l'histoire est controversée. Bien au contraire, des Philippines au Pérou, c'était leur persistance et leur vitalité qui soutenaient et structuraient un empire planétaire que l'armée espagnole n'aurait jamais pu tenir par ses seules forces. Confrontation d'histoires, confrontation d'historiographies ; les études rassemblées dans cet ouvrage novateur – voire iconoclaste – entendent apporter une contribution à l'écriture d'une Histoire post-nationale.
History --- Political Science --- milices --- historiographie --- guerre
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Thierry Wanegffelen (1965-2009) était professeur à l’Université Toulouse II Le Mirail. Spécialiste des mentalités religieuses et politiques des XVIe et XVIIe siècles (Ni Rome Ni Genève. Des fidèles entre deux chaires en France au XVIe siècle et Une Difficile fidélité. Catholiques malgré le concile en France (XVIe-XVIIe siècles) ou encore L’Édit de Nantes. Une histoire européenne de la tolérance), il s’était ensuite orienté vers l’histoire des femmes et notamment l’anthropologie du pouvoir au féminin (Catherine de Médicis. Le pouvoir au féminin et Le pouvoir contesté : souveraines de l’Europe à la Renaissance). Ses travaux visent à rendre intelligibles à nouveau les voix et les luttes de celles et ceux qui contestèrent l’établissement d’orthodoxies et de normes, politiques comme religieuses, trop rigides. Vaincus, ceux-ci ont été condamnés au silence, à l’oubli ou au mépris par une histoire trop souvent écrite du point de vue des vainqueurs. Jusqu’au dernier moment, Thierry Wanegffelen a travaillé à son dernier ouvrage. Le Roseau Pensant, Ruse de la Modernité Occidentale (parus en 2011 avec la collaboration d’Isabelle Cani et de Jérôme Grondeux). Tout autant et même davantage qu’un hommage, cet ouvrage se voudrait une façon de renouer et de prolonger les fils de discussions et de débats trop brutalement interrompus mais qui peuvent continuer à travers un dialogue fécond avec l’œuvre dense et impressionnante que Thierry Wanegffelen nous a laissée.
History of Social Sciences --- histoire --- historiographie --- histoire des femmes
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