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À sa sortie de prison où il a passé cinq ans pour un crime qu'il n'a pas commis, Billy kidnappe une jeune fille et l'oblige à se faire passer pour sa femme auprès de ses parents. Non seulement elle accepte mais elle tombe amoureuse de lui. La chronique d'un type qui n'a jamais connu l'amour et voudrait tordre le cou à son destin. Liberté de cadrage, de montage, de dialogues, de situations, Vincent Gallo semble dérouler le film qu'il avait en tête et ce sans faire la moindre concession aux bonnes manières. On le connaissait comme acteur, le voici réalisateur, acteur, scénariste et compositeur dans son premier film.

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C'est l’histoire d’une enfance déchirée, vue par les yeux d’un petit garçon, Jérémie et de sa mère, Sarah, jeune femme impulsive, insatiable et perdue qui se prostitue pour des routiers sur des aires d’autoroute dans le Sud des États-Unis. On suit Jérémie ballotté entre ses parents adoptifs, ses grands-parents chrétiens fondamentalistes et une vie d’errance sur la route avec sa mère, au fil des aires d’autoroute, des motels miteux et des clubs de strip-tease fréquentés par des personnes louches, des prédateurs, des junkies et des criminels. Sans cesse soumis à des environnements nouveaux et dangereux, à une succession de pères minables et à la descente au enfer de sa mère dans la drogue, Jérémie est plongé malgré lui dans un combat désespéré pour survivre et grandir. Sa force et sa résistance face à l’adversité et au malheur deviennent le cœur de l’histoire. Et l’on voit que malgré tout ce qu’il subit, Jérémie réussit à conserver sa pureté et sa naïveté. Deux ou trois choses que l’on sait d’Asia Argento: elle est la fille de Dario, maître des épouvantes qui a vampirisé son adolescence, elle porte un tatouage d’ange sur le bassin et une insolente arrogance sur le front. Fanfaronne, aguicheuse, elle est aussi irascible à l’écran que docile et fleur bleue dans ses journaux. Une chose que l’on sait de ses films: ils lui collent à la peau. Mauvaise fille, Asia déglutit ses monstres et se refait le portrait au Karcher dans Scarlet Diva, auto-fiction brouillonne sauvée par l’aura électrique de l’actrice démiurge. Mauvaise mère, Asia entraîne son nouveau ménage dans l’un de ces tintamarres épileptiques dont elle a le secret. Le Livre de Jérémie fourre le nez - tête baissée, tous pores dilatés - dans un dépotoir sans fond, entre brèves sordides de comptoir, croassements de corbeaux saignants et invités fripons qui se roulent à cloche-pied dans la fange. Adapté du roman éponyme de J.T. LeRoy, le deuxième coup d’essai d’Asia Argento ressemble au premier, la spontanéité et la surprise en moins. Difficile d’apprécier la chute de Jérémie quand on ne voit que la mère: Sarah, blonde détraquée et Courtney Love avant l’heure, se rêve pin-up hystérique, chaperonne licencieuse enfonçant ses ongles dans la chair d’un garçon trop tendre. Le Livre de Jérémie creuse l’introspection de la réalisatrice en laissant les spectres sur le carreau. Le film, c’est d’abord elle, son lyrisme décousu, ses esclandres et sa folie contagieuses: Sarah / Asia court nue et hurle à s’en décrocher la mâchoire. Perforé de part en part, le cœur écœuré du titre ne s’en remet pas.