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"The Celluloïd Closet, un documentaire de Rob Ebstein et Jeffrey Friedman, commémore cent ans d'homosexualité au cinéma, réduit ici à la seule région Amérique et plus strictement à Hollywood. Cet impérialisme fragilise leur démarche qui veut ignorer que la première fiction ouvertement gay était allemande (Autre que les autres) et que Pasolini n'était pas une marque de sauce tomate. S'appuyant sur le livre anthologique signé Vitto Russo, les réalisateurs ont cependant fait un boulot considérable. Ils expliquent comment l'existence de comportements homos US a été très tôt entérinée par l'image (1895, The Gay Brothers, film de démonstration pour la firme Edison) et, tout aussitôt, n'a cessé de poser problème, confrontant cette industrie en pleine expansion à ses propres limites morales. Sous couvert de divertir les masses, le cinéma a surtout cherché à fournir des modèles de comportement et à rattacher à chaque sexe des rôles sans ambiguïtés. Tant pis pour eux, pédés et gouines devront grandir à l'ombre d'un art qui, du western au film noir, aura magnifié comme jamais la séduction et le désir hétéro. D'où le sentiment de cette jeune lesbienne qui se souvient qu'à force de n'exister sur aucun écran, elle avait fini par croire qu'elle n'était qu'un fantôme. Celluloid Closet est donc fort édifiant puisqu'il multiplie les exemples où l'homo perce la fiction, soit dans les comédies sous la forme suraiguë et sexuellement inoffensive de la ""tapette"", soit dans les drames, dans la peau du pervers polymorphe, essoré de culpabilité et promis à une chute aussi grandiloquente que fatale. L'homo à visage découvert inspire dérision, pitié ou peur. Mais c'est au fond dans sa version placardisée (du refoulement à la sublimation comme on disait autrefois), qu'il relève un peu la tête: la carte de visite parfumée au gardénia de Peter Lorre dans le Faucon maltais de Huston, la gouvernante inconsolable et sadique du Rebecca d'Hitchcock, Monty Clift et John Ireland comparant leurs armes dans la Rivière rouge de Hawks sont autant d'exemples plutôt réjouissants de la capacité des grands cinéastes à composer avec l'interdit et les codes de la moralité ambiante fixés en particulier par le sénateur Hays, dont on aperçoit d'ailleurs avec effarement la dégaine d'épouvantail à moineaux. Celluloid Closet recèle de nombreuses anecdotes citant films connus et d'autres plus rares. Légendaire, la scène coupée du Spartacus de Kubrick où Laurence Olivier en chaleur explique à Tony Curtis qu'il aime autant les ""huîtres"" que les ""escargots""; de première main l'intervention de Gore Vidal qui raconte que, pour donner du piquant à l'adaptation de Ben Hur, il imagina que celui-ci avait été l'amant de Messala et que leur retrouvailles et les rivalités qui, ensuite, les opposent, se dessinent sur ce fond d'idylle romaine en jupette perdue. Tout ceci avec l'aval évidemment de William Wyler, le réalisateur, mais à l'insu de Charlton Heston. Lequel, contacté par les deux enquêteurs à propos d'un autre film, l'Extase et l'agonie, de Carol Reed, où il est carrément Michel-Ange, leur a répondu par lettre que ""les recherches intenses qu'il avait entreprises avant d'incarner ce rôle l'avaient convaincu que le fameux génie n'était pas homosexuel"". L'idéologie de Celluloid n'en demeure pas moins parfois naïve: que l'image des homos deviennent moins hypocrite et plus positive avec le temps et les revendications communautaires, soit, mais il n'est pas dit que cette libération soit bénéfique au cinéma. Pour preuve, des bluettes ridicules (Making Love, de Daniel Meinick), de l'érotisme gazogène (les Prédateurs de Tony Scott) ou du néo-mélodrame digne (Philadelphia, de Jonathan Demme). A tel point qu'in fine, aveuglés par l'enthousiasme, ils réquisitionnent cavalièrement des films qui ne sont pas du tout issus du giron d'Hollywood tels la Cage aux folles, Swoon, Poison ou My Beautiful Laundrette! Opération qui en rappelle singulièrement une autre (1): Samuel Goldwyn, tenté par l'adaptation du Puits de Solitude, de Radclyffe Hall, fut informé que la chose n'était pas possible, l'héroïne étant lesbienne: ""Et alors? répondit Goldwyn, on en fera une Américaine!"" Ca ne s'invente pas... (1) Cité par Caroline Benjo dans son article ""Le cinéma au placard"" dans la revue Vertigo n$14 intitulé Féminin/Masculin. Didier Péron "
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Inspiré du livre culte éponyme de Vito Russo, « The Celluloid Closet » révèle tous les subterfuges auxquels les cinéastes d’Hollywood ont eu recours pour déjouer les pièges de la censure et parler de l’homosexualité. De « Ben Hur » à « Philadélphia » en passant par « Rebecca », « My beautiful Laundrette » et « Basic Instinct », ce sont les extraits de plus de 120 films qui sont commentés par les plus grandes stars du cinéma américain: Tom Hanks, Susan Sharandon, Whoopi Goldberg, Tony Curtis, Shirley Mac Laine. D’anecdotes croustillantes en révélations inédites, « The Celluloid Closet » dresse de façon décapante et ludique l’historique de cent ans de désirs interdits à l’écran et montre que la censure, aussi puissante soit-elle, ne peut rien contre l’imagination et le talent… En portant à l'écran ce sujet grave, Rob Epstein et Jeffrey Friedman ont voulu appuyer sur l'inanité de cet interdit et sur le fait que bon nombre de réalisateurs sont malgré tout parvenus à déjouer des règles, par trop abusives, au prix de maints subterfuges frôlant parfois le ridicule. Mais l'essentiel n'était-il pas de tenter de faire évoluer les moeurs le plus rapidement possible afin que la communauté homosexuelle ne se voit pas marginalisée, une fois encore? Pour aider à la création de cette étude, de nombreux acteurs comme Tony Curtis, Shirley Mac Laine, Tom Hanks, Whoopi Goldberg, ou encore Susan Sarandon, réalisateurs, producteurs hollywoodiens se prêtent au jeu de l'interview afin de mettre en lumière la discrimination qui censure, depuis toujours et encore aujourd'hui, le cinéma américain quand il ose aborder le dit sujet. C'est donc l'ordonnance de la MPAA (Motion Picture Association of America), à l'origine du fameux code Hays qui veillait scrupuleusement à ce que des scènes trop suggestives ou des propos ambigües ne soient pas portés à l'écran, qui se trouve sur le banc des accusés. Un siècle de cinéma se trouve alors placé sous la loupe des deux réalisateurs pour exposer l'évolution du traitement de ce tabou au travers d'une bonne alternance d'extraits de près de 120 films et d'anecdotes de tournages rapportées sur le mode de l'humour. Tout cela confère à cette bonne rétrospective de l'émotion et propose de façon décapante et ludique l'historique de désirs inavoués à l'écran. En conclusion, voilà 100 minutes d'intérêt qui permettent de prendre la mesure du phénomène et de percevoir, une fois encore, à quel point le puritanisme poussé à son extrême peut engendrer de complexes et s'avérer ravageur.
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