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Le 1er septembre 1965, Les Choses, premier ouvrage de Georges Perec, sort en librairie ; le même jour, sous la plume de Jean-Claude Brisville, on peut lire dans Le Nouvel Observateur : « En nous décrivant [Jérôme et Sylvie] dans un style découragé qui s'accorde admirablement à la tristesse du sujet, il se peut que Georges Perec, jeune romancier de trente ans, ait écrit un des livres les plus cruellement révélateurs de notre époque désoeuvrée » (« Un couple dans le vent », 1er - 7 septembre 1965). Et de fait, public et critique s'accordent vite à reconnaître dans l'ouvrage une photographie fidèle de ce qu'on appelle alors depuis peu « société de consommation ». Dès le 6 octobre, Perec est interviewé par Pierre Desgraupes dans la célèbre émission télévisée Lectures pour tous. Ce même mois d'octobre, Julliard procède à un nouveau tirage de deux mille exemplaires, bientôt suivi de deux autres. En dépit d'un lancement modeste, sans tapage, le livre « prend » et fait figure d'événement. Dans son numéro du 11 octobre, sous le titre « L'argent peut faire le bonheur », Le Nouveau Candide publie de très larges extraits du roman ainsi présenté : « Un ton original, une forme neuve de récit, un art de progresser doucement et presque souterrainement dans la pensée des personnages, tels sont les mérites de ce livre écrit par un jeune inconnu, et qui est déjà la sensation de la rentrée littéraire ». Les semaines suivantes, le succès se confirme et le roman suscite plus d'une quinzaine de comptes rendus, fort circonstanciés parfois, et presque tous bienveillants. Le 9 novembre, Perec donne un second entretien télévisé dans une émission de la collection Lire. Cette reconnaissance rapide et presque unanime ne va pas cependant sans son lot de malentendus. En premier lieu, lorsqu'il s'agit de classer cette « histoire des années soixante » : « Roman ? Non. Témoignage sociologique intéressant plutôt qu'oeuvre de création littéraire » lit-on dans L'Express (27 septembre - 3 octobre). François Nourissier s'interroge à son tour et conclut en termes semblables : « Littérature à l'état naissant ? Document sociologique ? Témoignage à peine (et parfois maladroitement) élaboré ? C'est tout cela à la fois. Il est sage et plus excitant de considérer Les Choses comme source de réflexions, non comme oeuvre d'art » (« Les habitants d'hier », Le Nouvel Observateur, 6 - 12 octobre 1965). Ou encore, parmi d'autres, Christine Arnothy, tout aussi péremptoire, qui affirme: « l'oeuvre n'a rien à voir avec un roman », c'est « un document de sociologue littéraire » (Le Parisien libéré, 12 octobre 1965). Certains sont plus nuancés. Ainsi Raymond Jean par exemple, qui se souvient à bon escient que l'écrivain « a réfléchi aux problèmes du roman contemporain », comme en témoignent « quelques articles fort lucides qu'il a publiés (notamment dans la revue Partisans) », et qui relève dans Les Choses « un évident parti pris de concilier la description des choses (qui appartient à l'univers du roman) et l'enquête-témoignage (qui appartient à l'univers de la sociologie) ». Mais si « la qualité formelle, la tension littéraire, la richesse de langue de telle page de Flaubert » sont indéniables dans les premiers chapitres, on n'en glisse pas moins « de l'oeuvre littéraire au document », « embûche qui guette toute littérature reflet » (« Une histoire des années soixante", Le Monde, 16 octobre 1965). Le témoin, on le voit, finit par l'emporter sur le romancier. C'est aussi peu ou prou l'avis de Tristan Renaud pour qui l'attrait du livre réside dans « la construction d'un roman (mais le récit le plus pur et le plus efficace) à l'intérieur d'un véritable document sociologique » (« Les dépossédés », Les Lettres françaises, 18 - 24 novembre 1965). Quoi qu'il en soit de ces quelques concessions au savoir-faire de l'écrivain, c'est cette image de sociologue lucide qui, pour longtemps, prévaudra, et l'on verra Perec, promu de surcroît moraliste et contempteur du welfare capitalism, s'en expliquer souvent au fil des entretiens. En 1981, dans la postface qu'il donne à la réédition des Choses, Jacques Leenhardt observe justement que cette discussion autour d'« un roman non romanesque » tourna sous la plume des critiques « de l'analyse littéraire au débat d'idées sur la société contemporaine », pour déboucher « sur une critique axiologique dont le thème récurrent est alternativement bonheur ou bien-être ». Force est alors de constater que la littérature est la grande oubliée de la discussion; là encore, invoquant à l'envi sa dette envers Flaubert et une conception citationnelle de l'écriture, Perec va tenter de recentrer Les Choses. "Mon livre est parti d'une colère, puis la colère a cédé la place à la réflexion. Mon roman, enfin, est une tentative de description critique. Il y a une tension entre la poussée lyrique et la volonté d'analyse, mais je crois que cette tension est créatrice." (Les Lettres françaises.)
Entretiens --- Interviews --- Vraaggesprekken --- Perec, Georges, --- Criticism and interpretation --- Authors, French --- Perec, Georges --- עקרבי, אירית, --- פרק, ז׳ורז׳, --- بيريك، جورج، --- Park, Zhurzh, --- Pirik, Zhurzh, --- پرک، ژرژ --- Perec, Georges, - 1936-1982 - Interviews. --- Perec, Georges, - 1936-1982 - Criticism and interpretation --- Perec, Georges, - 1936-1982
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Ce florilège des entretiens de Perec permet de suivre le cheminement de l'écrivain à partir de l'automne 1965, où son premier roman publié, Les Choses, obtient le prix Renaudot, jusqu'à l'automne 1981, où - très sollicité depuis La Vie mode d'emploi qui lui a valu le prix Médicis en 1978 et l'a imposé définitivement sur la scène littéraire - Perec effectue plusieurs séjours à l'étranger. Si au tournant des années 80 La Vie mode d'emploi reste au coeur de nombreux échanges, l'heure est souvent aux entretiens thématiques (le jeu, la judéité, le rôle de la mémoire et des contraintes), mais aussi aux bilans et retours en arrière : ses interlocuteurs l'invitent ainsi à jeter un regard rétrospectif sur son oeuvre et à s'interroger sur son évolution. Autre aspect important des propos de cette époque: l'écrivain s'identifie de plus en plus nettement à la cause de l'Ouvroir de littérature potentielle réuni depuis 1960 autour de Raymond Queneau et François Le Lionnais et au sein duquel Perec a été coopté en 1967.
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En 1990, la cinquième livraison de Semen publiait sous la direction de Jean Peytard un dossier novateur consacré à «La médiacritique littéraire (radiophonie, télévision)», et invitait à explorer un champ réticulé selon une dynamique socio-discursive (le discours critique élabore une représentation de son objet qui influe sur les instances productrices/réceptrices avec un puissant rôle de légitimation), et une dynamique sémio-médiologique (la spécificité des dispositifs médiatiques induit une spécificité des discours et des représentations qu'ils construisent). En prenant acte, d'une part des nombreuses études consacrées depuis à la réception critique, dans les médias, de la littérature et des arts, d'autre part, de l'émergence d'une conception - élargie et intégrée- de la culture de masse comme indissociable du réseau médiatique, le présent numéro conserve l'hypothèse de la double dynamique évoquée plus haut. Il se propose en étendant l'analyse du discours médiacritique aux métadiscours du champ culturel dans son ensemble et non plus seulement littéraire, en intégrant aux circuits médiatiques traditionnels les avatars de la «Toile», en prenant en compte les mises en récit et leurs scènes énonciatives, de mettre au jour quelques configurations discursives et interprétatives des médiacultures. A cette fin, Semen 26 opte pour une appréhension bi-disciplinaire en alternant ou en croisant les perspectives des sciences de l'information et de la communication et des sciences du langage.
Mass media --- Semiotics --- Criticism --- Médias --- Sémiotique --- Critique --- Médias --- Sémiotique --- Mass media.
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