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Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement à Casablanca. Les deux pieds nickelés arpentent des villages lointains du grand sud marocain pour soutirer de l’argent à des familles surendettées...
Espace rural --- Village --- Comédie --- Années 2020 --- Maroc
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Au Maroc, en 1981, le mois du Ramadan. Amina s’installe chez son beau-père, Amhed, avec son fils de sept ans, Medhi, dans un village au cœur des montagnes de l’Atlas. Alors que son père est en prison, Medhi croit que celui-ci est parti travailler en France: sa mère et son grand-père entretiennent ce secret pour le préserver. A l’école, il a le privilège de s’occuper de la chaise de l’instituteur. Son rapport au village, à ses copains et au monde est construit autour de cet objet… Ce qui frappe d'emblée dans ce drame sur la pauvreté et l'isolement, c'est le sens du cadre exceptionnel de son réalisateur. Soutenu par une photographie sublime, il se passe presque entièrement de gros plans pour mieux cerner les personnages dans leur environnement rural. Cependant, au lieu de figer son histoire attachante dans une beauté trop picturale, trop immobile, il se sert de ses images magnifiques pour donner plus de dignité et d'humanité à ses personnages. Sans tomber dans le piège de la misère noble, son cadre ne s'apitoie pas sur le malheur décrit, mais garde au contraire toujours une étincelle d'espoir véhiculée par un humour qui tire vers l'absurde. Bien qu'il soit difficile de dissocier le fond de cette forme enchanteresse, il convient tout de même de saluer un récit morcelé qui retrace la vie de tous les jours (l'école, la maison, le voisinage) de façon fort habile. Notre intérêt est certes entretenu en premier lieu par cette beauté plastique qui n'oublie pas la fonctionnalité, néanmoins sans une histoire valable, le film tournerait vite à l'exercice de style ennuyeuse. Inutile de préciser que ce n'est pas du tout le cas ici. Encore sous le charme de cette compréhension de l'image cinématographique au plus haut niveau, ce premier long-métrage de Faouzi Bensaïdi sera suivi par bien d'autres!
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Serge est chauffeur routier. Son travail consiste à importer au Maroc des rouleaux de tissu et à exporter en France des vêtements de luxe. Il fait la traversée de l’Europe à l’Afrique et vient régulièrement à Tanger où il retrouve sa maîtresse Sarah et son ami Said. Cette fois, l’étape marocaine va durer trois jours. Pour la première fois, Serge va céder à la tentation du trafic de drogue en acceptant de planquer du shit dans son camion. Il va également faire tout son possible pour reconquérir le cœur de Sarah qui ne veut plus le voir. C’est dans cet espoir qu’il utilise sans vergogne les services de Said… Tourné en équipe réduite et en vidéo, « Loin » marque le retour en grande forme d’André Téchiné. Ce film vif et dense file les traces d’une ronde de personnages happés par l’esprit de l’exil, dans la ville-frontière de Tanger. Après un Alice & Martin trop dispersé, donnant l’impression d’avoir été écrit et réalisé au forceps, André Téchiné revient au meilleur de sa forme avec Loin, film qui combine la profusion narrative des Voleurs et la vivacité à cru des Roseaux sauvages. Le cinéaste explique s’être senti un peu à l’étroit dans l’espace français, avoir eu besoin d’ailleurs. L’ailleurs, il l’a trouvé à Tanger, ville mythique et littéraire, lieu de passage et de transit par excellence, épitomé de zone-frontière propice aux rêves d’aventure, de romanesque et d’évasion. Téchiné a d’ailleurs conservé une trace de ce passé mythologique à travers un personnage d’Américain dont les dialogues sont tous extraits d’entretiens avec l’écrivain Paul Bowles. Cette petite « concession » aux « fantômes de Tanger » est la seule réserve mineure que l’on objectera à un film par ailleurs entièrement ancré dans le Tanger concret et réel d’aujourd’hui, celui des ruelles grouillantes et de la zone portuaire, des bords de mer escarpés et des lumières atlantiques, ce carrefour de toutes les langues où convergent et se côtoient ados des rues et mères de famille, touristes et immigrés africains en attente de papiers. Toute cette ville, toute cette agitation, tout ce bouillonnement de vie, Loin le capte parfaitement à la volée de plans tournés en vidéo et en équipe légère mais toujours superbement cadrés et agencés. En trois journées envisagées comme trois blocs de temps indépendants (presque trois moyens métrages), Loin s’attache surtout aux basques de trois personnages essentiels: Serge (Stéphane Rideau, remarquable de présence physique et d’opacité butée), camionneur français qui, dans sa quête incertaine d’aventure, se retrouvera mêlé à un trafic de drogue le dépassant; Sarah (Lubna Azabal, une découverte), la petite amie de Serge, Juive marocaine qui vient de perdre sa mère, hésite entre reprendre la direction de la pension familiale ou une nouvelle vie au Canada, sans parler de ses atermoiements sentimentaux avec Serge; et Said (Mohamed Hamaïdi, autre découverte), fleur de pavé tangéroise, meilleur ami de Sarah et de Serge, qui aspire à passer clandestinement en face, en Europe, dans le camion de ce dernier. Avec une virtuosité discrète, un sens remarquable de l’équilibre des temps et contretemps, de l’agencement dramaturgique et de la diversité des lieux, André Téchiné suit (et nous fait suivre) ces trois personnages, passant de l’un à l’autre, délaissant l’un pour s’arrêter sur le duo restant, nous faisant découvrir peu à peu l’écheveau de liens, de désirs et de doutes qui les unissent, les petites trahisons et manipulations qui les désunissent. Si Tanger est un carrefour de commerce et de migrations, les personnages du film sont tous à un carrefour de leur vie, empêtrés dans une valse-hésitation, taraudés par l’envie d’exil et d’ailleurs. Said qui rêve d’Europe pour fuir la misère, Sarah pour qui le décès de la mère semble déclencher un désir d’arrachements divers (à la famille, à la religion, au lieu de son enfance), Serge dont on ne sait pas trop ce qu’il recherche mais dont on comprend très bien ce qu’il fuit (la routine du métier de routier). A travers Serge, on perçoit aussi l’évolution des personnages d’aventure dans le cinéma français. Il y a cinquante ans, Serge aurait pu être l’un des héros du Salaire de la peur, ces chauffeurs qui transportaient des tonnes d’explosifs au péril de leurs vies; aujourd’hui, ce type de personnage n’a plus de TNT dans sa remorque ni de péripéties à affronter toutes les cinq minutes: l’aventurier vu par Téchiné vit des moments banals, attend dans un lieu ordinaire un rendez-vous qui n’arrive pas, se fait arnaquer minablement, est le jouet de contretemps et de forces qui le dépassent. L’aventure contemporaine est plus prosaïque, moins bigger than life que dans le cinéma d’antan. De même que si l’on compare Loin à Casablanca ou à Pépé le Moko (également situés dans des ports mythiques), le portrait de Tanger par Téchiné est totalement exempt de tout le folklore réducteur et de l’exotisme de bazar de ces films antérieurs. Autour de ses trois personnages pivots, Téchiné enrichit sa toile en ordonnant quelques scènes avec une myriade de personnages satellites qui ont tous leur existence propre et leur utilité au sein du tableau global: une belle-sœur écrivain qui débarque du Québec (Yasmina Reza), un étudiant cinéphile (Gaël Morel) qui ébauche en Loin une suite possible des Roseaux sauvages, Farida, une femme divorcée qui va élever seule son enfant, ou encore Nehza, la patronne de l’entreprise de fret, Marocaine brillante qui a réussi en restant au pays. La réussite de Téchiné est de croiser ainsi de multiples fils narratifs, d’esquisser ou de développer une multitude de récits, d’histoires et de liens possibles, sans jamais perdre de vue la lisibilité de l’ensemble, l’épaisseur et la complexité de ses personnages, ou le motif principal du film (l’appel de l’ailleurs, qui est aussi celui ressenti par le cinéaste). Et dans la pelote de ses histoires, Téchiné (et son coscénariste, Faouzi Bensaïdi) réussit aussi à insérer un superbe portrait de la femme arabe dans sa liberté, son indépendance, sa diversité et sa féminité, et trouve le moyen de passer comme en contrebande des « sujets sociétaux », tels que la circulation de la drogue ou l’immigration clandestine, sans didactisme ni sentiment d’artifice. En partant loin filmer Loin, André Téchiné s’est magnifiquement ressourcé et revient avec un film très proche en ce qu’il nous renvoie immédiatement à nos propres velléités d’aventure et de changement, à notre éternel et lancinant fantasme de vouloir tout recommencer ailleurs.
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A Casablanca, Kamel, tueur à gages, a coutume d’appeler après ses exécutions Souad, une prostituée occasionnelle. C’est souvent Kenza, agent de la circulation, qui décroche. Kamel tombe amoureux de cette voix et part à sa recherche. Lorsque Hicham, un hacker professionnel infiltre par hasard les contrats de Kamel, tout bascule… Réalisateur de Mille mois (2003), coscénariste de Loin de Téchiné, le Marocain Faouzi Bensaïdi s’éloigne avec son second long métrage du sentier des films sociaux maghrébins à vocation humaniste, pour flirter avec le film de genre. Néanmoins, derrière son affectation de légèreté, What a Wonderful World se veut un film extrêmement sérieux, traitant de l’irruption de la world culture dans une société encore marquée par la tradition, et du manque de communication qui paradoxalement règne dans ce village global. Dans une Casablanca devenue annexe du « village planétaire », il met en scène un tueur à gages mélancolique - qu’il joue lui-même - qui reçoit ses contrats par l’Internet, une agent de police qui vend du temps de communication par mobile pour arrondir ses fins de mois, une prostituée occasionnelle, un jeune hacker informatique qui rêve d’Europe… Autant de personnages souvent étrangers l’un à l’autre, mais peuvent pourtant se croiser dans la rue, se parler au téléphone, voire se plaire mutuellement. Telle la femme-flic qui tombe amoureux d’un beau ténébreux - le tueur - entrevu à un arrêt de bus, tandis qu’elle envoie paître le même homme quand il lui déclare sa flamme au téléphone sous le couvert de l’anonymat. C’est l’incommunicabilité selon Bensaïdi, qui, en plus de la mécanique scénaristique - bien réglée - qui règle ces chassés-croisés, choisit hélas d’illustrer lourdement sa thématique en assemblant tout ce monde au sein d’images à la sophistication un peu vide, courant avec un souffle court après la maîtrise d’un Antonioni qui a bon dos. Alors il cadre ostensiblement deux personnages proches mais séparés par une frontière physique (balcon, interstice d’ascenseur), ou élabore des plans-séquences fédérateurs qui semblent vouloir refaire grossièrement le finale de Profession: reporter - ne pas manquer les allers-retours de travelling le long d’un train, qui disent toute la naïveté un peu puérile de la démarche. Ces idées visuelles criardes ne mettent malheureusement en avant que leur aspect graphique en lieu et place des idées qu’elles sont censées exprimer. Pour signifier le capharnaüm culturel qui est le nôtre - et accessoirement tenter d’instiller un peu de fantaisie en empruntant celle des autres - Bensaïdi appelle à lui une multitude de références cinématographiques qu’il ressert ici et là, poussivement et sans aucun recul. On retrouve pêle-mêle du Tati, du Keaton, du Melville, du dessin animé et même du jeu vidéo à gros pixels. Ce melting-pot audiovisuel n’est pas nouveau: Kill Bill de Tarantino est déjà passé par là. Mais quand l’Américain ne semble pas chercher autre chose que le plaisir immédiat du revival multiple, le Marocain voudrait nous dire que ses références à lui s’inscrivent dans une réflexion sur la diversité des images. Or il est tellement affairé à décalquer ses sources que sa démonstration ne convainc pas. Tout ce travail formel a l’ultime défaut de se croire intelligent et inspiré, alors qu’il n’est jamais que vulgaire et tautologique, et surtout que sa propre virtuosité prend le pas sur ce qu’elle est censée véhiculer. Le comble est atteint dans une des dernières scènes: traitant son seul fil narratif où le comique est absent - qui plus est basé sur un sujet terriblement actuel - Bensaïdi en expédie la conclusion tragique en un plan de confrontation inégale dont l’esthétique rappelle désagréablement un cartoon de la Warner… C’est le point de non-retour, le moment où l’auteur de cette expérience boursouflée montre à quel point il manque de vrai point de vue et de sensibilité vis-à-vis de son sujet. Au bout du compte, l’ironie fait que WWW ne communique plus rien, si ce n’est une profonde antipathie.
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