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La question du Philèbe, ce dialogue mal aimé des platonisants, est finalement la plus simple et la plus énigmatique de toutes : celle du rapport entre la vie et la pensée. La vie a l’illusion de se suffire quand elle se fait plaisir, mais cette illusion, c’est la pensée qui la dénonce et non la vie ; la pensée est certaine de se suffire quand elle pense, mais elle ne se suffit que parce qu’il y a un plaisir de pensée, et la vie reprend son bien. Si la question est là, il n’y a pas à la résoudre : dans le mélange nous sommes. Mais comment le composer ? Il faut alors différencier les plaisirs, les hiérarchiser, en rejeter certains et en retenir d’autres. Mais il reste que le plaisir est, de la vie, une profondeur, un éclat, que la pensée est impuissante à récupérer. L’illimitation de la vie, quand la vie fait miroiter cette promesse infinie de délices, se moque de toute dialectique. Elle est ce que la pensée ne peut que laisser échapper, en le sachant. Ce que la pensée laisse ainsi filer n’a rien de consistant, ni même d’existant, mais c’est cela aussi vivre : être séduit par le mirage de la vie. Que le mirage soit décevant ne suffit pas à le réfuter. Le plaisir est le bien tel que le désire la vie : qu’arrive-t-il à la pensée quand elle s’y confronte ? Elle n’a pas le beau rôle. Elle peut au moins tenter de ne pas être morose, ou morale, de ne pas « chagriner le plaisir ». Mais elle ne peut pas parler au nom de sa vérité propre : elle ne peut que revendiquer le fait d’être au principe d’une meilleure vie. Et montrer que prendre parti pour l’illimité de la vie, c’est prendre parti pour son contraire, qui n’est même pas une mort mais une défaite et une décomposition : telle est la fêlure du plaisir.
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