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La destinée des Amours de Christofle de Beaujeu (1552-1635) a été scellée dès leur parution. Publiés en 1588 par un imprimeur étourdi qui les truffa de coquilles, ces sonnets sont restés inaccessibles depuis. Leur réédition constitue donc un double événement puisqu'elle marque à la fois une renaissance littéraire et le succès éditorial de la collection Orphée qui affiche son 200e titre. Homme de guerre et poète, Christofle de Beaujeu se présentait comme le "Prophète bizarre" du grand amour. Usant d'une langue précieuse dans le goût macabre -"J'admirais le cercueil de tant et tant de corps, étendus pêle-mêle au dos d'un cimetière." - il apparaît comme le digne représentant de l'âge baroque. Et si nous sentons tant son étrangeté, c'est sans doute qu'il nourrissait ses poèmes de références érudites et cryptées. Puisées dans la Philosophie occulte de Cornelius Agrippa ou la Vie des hommes illustres de Plutarque, elles donnent à sa poésie l'atmosphère d'un cabinet d'alchimie.