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Surgis des profondeurs de l'espace, les vaisseaux spatiaux d'une civilisation technologiquement avancée apparaissent dans le ciel. Bien que d'abord pacifiques, les visiteurs se transforment vite en envahisseurs, causant des destructions massives sur toute la surface du globe… Les soucoupes volantes attaquent est la seconde collaboration entre Ray Harryhausen et son producteur emblématique Charles H. Schneer après Le Monstre vient de la mer (1955). L’heure n’est pas encore à l’originalité puisque après le récit de monstre géant du film précédant, on surfe ici sur la mode de la science-fiction et l’invasion extraterrestre. La littérature SF, les comics et le cinéma s'emparent alors de cette thématique, au premier comme au second degré, guidés par la peur ou l’espoir, dans le film de prestige comme dans la série B. Harryhausen et Schneer vont offrir un condensé plutôt réussi de toutes ces tendances dans leur approche. Toujours dans son souci de réalisme, Harryhausen ira se renseigner auprès de George Adamski, un ufologue controversé mais médiatique qui contribua à populariser l’imagerie de la soucoupe volante dans l’inconscient collectif. Harryhausen s’inspire ainsi de ses descriptions pour concevoir ses ovnis. L’intrigue est convenue mais un peu plus prenante que celle du monstre vient de la mer. Cela tient au mystère que parvient à distiller l’histoire autour des extraterrestres. Cela ne concernera pas la réalité de leur existence, qui sera rapidement avérée, mais plutôt leurs intentions. Les premières apparitions tiennent autant de l’observation avec les soucoupes volantes survolant les paysages terrestres que de la tentative de prise de contact mais aussi de la démonstration de force avec une spectaculaire scène de destruction. L’approche oscille donc entre celles des glorieux opus qui ont précédé comme Le Jour où la Terre s’arrêta (1951) de Robert Wise ou La Guerre des mondes (1953) de Byron Haskin, en travaillant la présence « autre » des aliens (superbe et inquiétante scène où ils descendent de leur vaisseau) mais aussi leur puissance, que ce soit dans leur arsenal destructeur ou dans une forme d’omniscience par rapport au genre humain. Les sempiternelles scènes de tergiversations militaires ne traînent pas trop et mettent plutôt en avant la curiosité du savant joué par Hugh Marlowe. La forme de tyrannie « pacifique » que cherchent à imposer les extraterrestres apporte cet entre-deux intéressant par lequel ils cherchent à assujettir les humains mais pas à détruire bêtement la Terre qui ne constituerait plus dès lors un nouveau foyer pour eux. Ce côté préventif mais menaçant s’inscrit aussi dans les contacts directs. Ray Harryhausen donne un design plus sophistiqué et vraiment fonctionnel aux soucoupes volantes avec ses parties hautes et basses qui effectuent une rotation inversée. L’animation métronomique illustre très bien le processus, tandis que leur manière de voler traduit parfaitement cette technologie différente de ce que l’on connaît avec cette manière d’avancer et ces trajectoires inattendues. Les stock-shots de vrais avions de chasse confrontés aux ovnis, malgré une incrustation inégale, l’expriment bien. La mise en scène sait traduire le gigantisme et la sidération, dans une approche dont saura se souvenir Steven Spielberg dans Rencontres du troisième type (1977), lors de l’apparition d’une soucoupe posée sur une plage. Tous les détails d’apparence si travaillés en amont par Harryhausen trouvent tout leur impact dans l'image lorsque l’objet s’impose dans un pur espace du quotidien. L’épure et le design de l’intérieur du vaisseau alien, la manière étrange qu'ont les extraterrestres de se mouvoir participent à ce mystère et jouent de cette approche du film entre fascination et menace (cf. la machine qui assimile les souvenirs d’une vie comme une bibliothèque). L’aspect découverte est donc de loin le plus intéressant mais les codes du genre (tous les personnages sont malheureusement assez stéréotypés et en restent à la peur primaire de l’autre) réclament un affrontement. On perd sur le fond mais la forme est plutôt impressionnante. Les soucoupes volantes à l’assaut des monuments de Washington offrent plusieurs vignettes marquantes où l’on devine grandement l’inspiration de Tim Burton pour son Mars Attacks! (1996). Harryhausen croise brillamment les techniques comme le haut du Capitole détruit en stop-motion tandis que le bas se résume à une photo. Un autre bâtiment voit ses gravas animés chacun image par image pour un résultat bluffant, et finalement seul le visage à découvert des aliens ou les facultés de leur armes (une simple désintégration de l’autre) décevront tant l’effort sur le visuel est intéressant. Les Soucoupes volantes attaquent est donc une vraie belle démonstration technique dont la réussite formelle transcende le récit fonctionnel. La progression était en marche pour du divertissement plus haut de gamme de la part de Harryhausen et Charles Schneer.
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