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Ce qui distingue radicalement l’homme de l’animal est, à n’en point douter, la conscience : l’homme sait qu’il est, et qu’il est promis à la disparition. L’ensevelissement des morts en est la manifestation la plus archaïque. Il témoigne de la volonté de protéger le disparu des prédateurs, de lui rendre hommage par un monument non soumis à la dégradation et d’en conserver la mémoire. Par là même, cette volonté de préserver le mort de l’effacement témoigne de la capacité proprement humaine de s’élever au-dessus de sa condition d’être fini dans une saisie d’un temps qui n’est plus, qui vient à se sceller, dans une certaine mesure, pour l’éternité dans le tombeau.Mais le tombeau ne peut se résumer à la sépulture ; qu’il soit poétique, littéraire ou musical, il témoigne toujours de cette force, sans cesse renouvelée, de la conscience humaine face son horizon de finitude et son dépassement.Le livre de Sophie Lacroix, lumineux et serein, en trace les multiples stations où viennent à se faire entendre les voix de Berlioz, Mallarmé, Chateaubriand, aussi celles des pyramides et des stèles mésopotamiennes ou des quelques fleurs abandonnées sur une dalle de granit.
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