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Au confluent de la guerre froide, de la décolonisation et du conflit israélo-arabe, la crise de Suez de 1956 tient une place particulière dans l’histoire des relations internationales depuis 1945. À ses acteurs principaux, Grande- Bretagne et France, associés dans une intervention militaire contre l’Égypte, l’historiographie a invariablement assigné des mobiles de politique étrangère ou coloniale : les Anglais voulaient préserver leurs positions dans le monde arabe et protéger leurs intérêts pétroliers ; les Français désiraient renverser Nasser, soutien essentiel des rebelles algériens. S’agit-il donc, dans le cadre classique d’un affrontement entre nationalisme égyptien et impérialismes anglais et français, d’un retour étonnant et anachronique à la politique de la canonnière ? L’auteur démontre que les choix des deux gouvernements trouvent en réalité leurs raisons dans la politique intérieure au sens large, ressac conservateur de l’après-guerre en Grande-Bretagne et crise de la IVe République en France. Son étude porte à la fois sur les développements internes dans les deux pays à partir de 1955 et sur leurs politiques égyptiennes, sans négliger les plans militaires et les considérations coloniales. Outre les abondantes sources secondaires, Jean-Yves Bernard utilise l’ensemble des archives publiques françaises et anglaises disponibles, les fonds des partis politiques, les archives personnelles et les témoignages oraux de plusieurs acteurs et contemporains des faits.
History --- décolonisation --- intervention militaire --- historiographie --- témoignage oral --- crise de Suez --- nationalisation --- politique interieure
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