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Sous ce titre un peu énigmatique, c'est un portrait moral en profondeur du "bonhomme" La Fontaine que nous présente Jean Giraudoux. Ces "cinq tentations" furent celle de la vie provinciale et bourgeoise du maître des Eaux et Forêts de Château-Thierry ; celle des femmes, comme la Champmeslé ou la Béjart (peut-être) et d'autres qu'il ne connut guère qu'à la manière de Boccace ; celle du monde qui l'amènera à vendre sa plume au tout-puissant Fouquet, louer sa personne à la duchesse de Bouillon et à se faufiler à l'Académie française ; celle de la littérature qui le conduit du conte libertin à des pièces de théâtre où il est le premier à s'ennuyer, pour aboutir sur le tard aux chefs-d'oeuvre que sont ses fables ; la tentation, enfin, du "scepticisme et de la religion" qui incline le jeune oratorien jeté dans le siècle à flirter avec le jansénisme puis avec le protestantisme, une façon comme une autre ne pas croire à grand-chose. Dans ce portrait ironique et sympathique, Jean Giraudoux, à la faveur d'anecdotes et d'analyses savoureuses du comportement de La Fontaine, nous donne de cet auteur - le plus célèbre peut-être de notre littérature - une image qui n'a rien d'académique. C'était un homme "ondoyant et divers", distrait, malhabile à se conduire dans la vie mais habile à se contredire, grand amateur de sommeil et doté d'une insouciance qui frôlait l'inconscience. Sans le vouloir, ne serait-ce pas à une sorte de psychanalyse en demi-teinte que se livre, ici, Jean Giraudoux ?
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