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Je suis arrivé à Santiago le 21 juillet. J'ai commencé à tenir un journal sociologique à partir du 29, réfléchissant sur ce pays où j'ai déjà souvent vécu et travaillé. Ce journal mêle les réactions à l'événement et une analyse non systématique mais continue sur les classes sociales et l'Etat, le système politique et les mouvements sociaux au Chili et en Amérique latine. De semaine en semaine, il se lie de plus en plus étroitement à l'approche d'une crise, prévue et pourtant étroitement inattendue. Le 11 septembre j'ai regardé du centre de la ville brûler la Moneda. Pendant deux semaines après le coup d'Etat, tout en vivant l'angoisse des amis disparus ou emprisonnés, j'ai réfléchi sur les causes de la chute et la nature du nouveau régime. J'ai quitté le Chile le 24 septembre au moment où était enterré Pablo Neruda. Je n'ai pas modifié mes jugements après les avoir écrits, mais j'ai parfois ajouté des commentaires, toujours datés, où je discute un texte que je regarde à la fois comme un témoignage venu en ma possession et comme un livre où j'ai poursuivi ma réflexion sur le Chili et l'Amérique latine, dans un esprit de recherche, vivifié successivement par la solidarité, l'inquiétude et la colère.
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