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Petit manuel de non-philosophie à l'usage des philosophes et des non-philosophes, la Lettre à Fichte constitue un document phare pour la genèse du nihilisme européen. Ecrite en 1799 dans un contexte polémique, au plus fort de la Querelle dite de l'athéisme, elle est un ouvrage de guerre contre toute la philosophie occidentale, accusée d'être tendanciellement orientée vers le nihilisme. Selon Jacobi, les philosophes ont privé le monde de son épaisseur. Mystificateurs de génie, ils ont, par abstraction et réflexion, vidé la vie de sa vie, et nous présentent en triomphant une dépouille inerte qui n'est que le reflet creux de leur ego surdimensionné. La Lettre sur le nihilisme est accompagnée de textes de Jacobi, de Fichte et de Reinhold, ainsi que d'un dossier comprenant un choix représentatif de documents relatifs à cette Lettre.
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L’esprit du nihilisme: titre doublement paradoxal, puisque ce livre entreprend parallèlement, et souvent en même temps, de déconstruire le (pseudo-)concept nietzschéo-heideggerien de « nihilisme » et de décrire ce que, par provocation provisionnelle nous appellerons « nihilisme démocratique ».C’est graduellement, par la description phénoménologique de la spiritualité exprimée dans la voix moyenne de toute une époque, que se rouvre alors la voie qui a traversé toute la modernité pensante depuis deux siècles : la « redécouverte » de la Tragédie par l’homme sans dieu(x). S’y établit le « secret » découvert à tâtons par cette modernité, sans avoir jamais été énoncé comme tel : renversant la tradition métaphysico-politique de l’Occident, on démontre que ce n’est pas la Loi qui est la condition de la Transgression, mais le contraire. C’est la Transgression qui est la condition de possibilité de toute législation : non seulement « morale », politique et civique, mais technique et culturelle.L’enjeu est considérable : si la philosophie, pour la toute première fois de sa tradition, parvenait à renverser le rapport qu’elle a toujours posé entre législation et transgression, démontrant que celle-ci est la condition de possibilité de celle-là et pas l’inverse ; bouleversant au passage le sens même qu’on a toujours accordé au concept de « Transgression », alors la philosophie destituerait enfin la région de pensée qui, avec l’irrationalisme qui lui est propre, et qu’on a plus que jamais raison de qualifier d’« obscurantisme », a toujours « pensé » la précession de la transgression sur la législation : nommément la religion (le « péché originel »). Cette destitution non seulement court-circuiterait le pouvoir du religieux, mais restituerait ce pouvoir, et la tâche d’en penser les conséquences, à cela dont le retrait, depuis trente ans, est le vrai nom du « nihilisme » et du « retour du religieux » : la politique.
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