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Philippe Braud a marqué de son empreinte intellectuelle plusieurs générations d'étudiants dans les amphithéâtres rennais, de la Sorbonne ou plus récemment de l'Institut d'études politiques de Paris. Dans les cursus de droit, comme dans ceux de science politique, sa pédagogie décomplexée et son approche originale de la discipline ont bousculé les savoirs acquis et ouvert l'auditoire sur une face longtemps tue de la politique. L'État, les partis, le vote, les phénomènes contestataires, les identités collectives sont toujours abordés bien sûr, mais au prisme de l'étude du symbolique comme levier pour parvenir à une sociologie des émotions cherchant systématiquement à dévoiler les ressorts invisibles, masqués ou ignorés, de l'exercice et de l'appréhension de la chose publique. Tel est en effet le credo de cet intellectuel iconoclaste, non maître à penser mais révélateur des impensés, non technicien mais savant curieux, plus intellectuel « touche à tout » que spécialiste austère : le politique est avec lui appréhendé par des chemins de traverse avec les outils du sociologue et non la boussole du psychologue. Ce ne sont pas les âmes qui sont sondées mais les interactions et les logiques de situation, avec leur part de projections, d'ambitions et d'attentes affectives. Les articles réunis dans cet ouvrage, sous la plume d'anciens doctorants ou de compagnons intellectuels de Braud, cherchent tous à rendre un hommage parfois critique à celui qui, avec quelques autres, a cherché avant l'heure à légitimer dans le champ scientifique l'étude des contraintes affectuelles de la vie publique.
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Les années 1984-1988. sont à tous égards décisives car elles virent le premier président socialiste de la Ve République renoncer à son programme de 1981. L’angle de vue choisi est ici volontairement régional pour contribuer, par une approche décentrée des pôles de décision parisiens, à une meilleure compréhension des événements politiques, économiques, sociaux et culturels de la période considérée. Au départ du projet, le constat que l’année 1986 vit se tenir sur tout le territoire national, DOM inclus, les premières élections régionales au suffrage universel direct. Occasion évidente de prendre la mesure des rapports de forces politiques différenciés d’une région à l’autre dans un pays souvent réputé a priori – mais à tort – comme unifié par près de deux siècles de « jacobinisme ». Plus largement, il s’est agi d’observer les transformations sociales et culturelles, les douloureuses mutations économiques et les évolutions partisanes de grande ampleur d’une façon territorialisée. En partant du principe – qui a été vérifié, décrypté et pondéré – que la crise de la sidérurgie ne signifie pas la même chose et n’est pas vécue de la même manière à Paris et à Longwy, que les mobilisations pour « l’école libre » diffèrent d’une région à l’autre, que « l’alternance », mot lancé par Valéry Giscard d’Estaing en 1978, ne recouvre pas les mêmes réalités quotidiennes au niveau national et aux divers échelons des pouvoirs locaux.
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