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Le sang des princes : Cultes et mémoires des souverains suppliciés (XVIe-XXIe siècles)

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Abstract

« En ma fin est mon commencement »… dernières paroles attribuées à Marie Stuart, au matin de son exécution le 7 février 1587, qui furent immédiatement retranscrites par Adam Blackwood dans le Martyre de la Royne d'Escosse publié la même année. Quarante ans plus tard, c'était au tour de Charles Ier de monter sur l'échafaud pour être décapité à la hache, devant la foule rassemblée à Whitehall. En France, le supplice de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les 21 janvier et 16 octobre 1793, se fit lui aussi à la suite d'un procès et en place publique. D'autres princes, érigés en ennemis publics, furent encore exécutés pour abattre leur pouvoir jusque dans sa symbolique, comme Maximilien d'Autriche au Mexique ou encore le tsar Nicolas II. Leur mort, préméditée et largement informée, a pu apparaître comme la condition nécessaire à l'affermissement d'un nouveau régime ou d'une nouvelle dynastie. Pourtant, comme l'écrivait Olympe de Gouges à la veille du procès de Louis XVI, « il ne suffit pas de faire tomber la tête d'un roi pour le tuer, il vit encore longtemps après sa mort ». Le condamné est en effet considéré comme un authentique martyr par les nostalgiques de l'ordre ancien. Mué en icône partisane, symbole fédérateur d'une opposition parfois divisée, le souvenir de son sacrifice a permis et permet encore de conserver et illustrer une tradition, tout en participant à la délégitimation des institutions politiques fondées sur le régicide. Néanmoins, tous les princes martyrs ont, à un moment ou à un autre, fini par devenir des objets mémoriels gênants, témoins d'une guerre civile que l'on préfère oublier ou dépasser, même si de persévérants thuriféraires entretiennent toujours leur culte, que ce soit par espérance providentialiste ou par simple fidélité désabusée.

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