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amusementsmuziek --- arrangementen --- walsen --- anno 1900-1999 --- United States of America
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Les Etats-Unis, durant la Prohibition. Afin de développer son trafic d'alcool, le gangster Maskal n'hésite pas à tuer pour s'approprier de nouvelles brasseries. Il est épaulé par Pop Cooley, son fidèle et redoutable homme de main. Nan, la fille de Cooley, est amoureuse du Kid, qui travaille dans un stand de tir forain. Elle aimerait qu'il rejoigne le gang mais il s'y refuse. Jusqu'au jour où Nan est emprisonnée… Les Nuits de Chicago (1927) de Josef von Sternberg avait posé les grandes lignes du film de gangsters avant l’avènement du genre au début des années 30, dont Le Petit César (1931) de Mervyn LeRoy, L’Ennemi public (1931) de William A. Wellman (1931) ou encore Scarface (1932) de Howard Hawks allaient constituer les sommets urgents, violents et provocateurs. Les Carrefours de la ville est un film un peu oublié dans ce cursus, sans doute parce qu'il s’agit de la seule incursion de Rouben Mamoulian dans le genre - Laura sera un rendez-vous manqué puisque ce dernier débutera le tournage avant d’être évincé au profit d’Otto Preminger. Le film se démarque également de ses contemporains par une dimension morale qui n’est pas contrainte (se souvenir de l’épilogue "punitif" ajouté à la fin de Scarface) tout en s’insérant dans une peinture crue du monde criminel. Le sujet du film vient d’un Dashiell Hammett en pleine ascension avec le succès du roman La Moisson rouge paru en 1929, puis du Faucon Maltais publié en 1930 et adapté une première fois au cinéma l’année suivante. Comme souvent, et d’autant plus avec l’essor du parlant, l’auteur est sollicité par Hollywood mais le synopsis des Carrefour de la ville (qui sera étoffé avec le scénario rédigé par Oliver H.P. Garrett) sera l'une de ses rares contributions au cinéma. Sa patte se retrouve cependant dans le film, tour à tour édulcorée et cinglante, où l’on retrouve l'ambiguïté caractéristique, la porosité du mal et l'observation sans fard des malfrats. L’apport de Rouben Mamoulian est essentiel. Le cinéma parlant émergeant cède encore souvent au théâtre filmé mais Mamoulian, pour ce qui est son deuxième film, parvient mettre en valeur des dialogues percutants tout en prolongeant une dimension narrative purement formelle héritée du muet. La scène d’ouverture travaille ainsi l’énergie du dialogue avec cet échange entre le redoutable Big Fellow (Paul Lukas) et le malheureux qui va lui racheter sa fabrique de bière. Le cadrage, la manière de mettre en valeur la présence dominatrice et l’effet de meute des gangsters donnent ainsi un tour immédiatement menaçant à la transaction. La suite fatale pour l’acheteur passe par un effet de montage dans lequel le flot d’un fût de bière se confond avec celui de la rivière où flotte le chapeau de la victime. Ce monde du crime féroce et impitoyable, la jolie Nan (Sylvia Sidney) n’en connaît grâce à Pop (Guy Kibbee) que les plaisirs, persuadée de vivre au sein d’une communauté solidaire qui vous rend la vie facile. C’est ce dont elle essaie de convaincre Kid (Gary Cooper), son petit ami, dont le gabarit intimidant et la dextérité au revolver pourraient être utile. Mais ce dernier se tient à distance de cet environnement ; la romance ne tient alors qu’à un fil, celui de l’attirance charnelle entre les amants que Mamoulian capture merveilleusement lors d’une scène de réconciliation. Les deux personnages représentent la boussole émotionnelle et morale du film, et leurs trajectoires vont s’inverser dans leur rapport au milieu des gangsters. Chez ces derniers, le pouvoir comme les femmes se prennent à coup de bassesses et de traitrises, l’amitié comme les liens filiaux n’y ont plus leur place. L’épouse de l’autre se vole au grand jour face à l’intéressé, et l’ami de toujours vous abat dans une ruelle déserte sans remords. Big Fellow incarne l’image élégante et sournoise de cette vilenie quand Pop (aidé par le jeu truculent de Guy Kibbee) en est le visage dégénéré et insensible sous ses airs rieurs. Nan va en faire les frais en servant d’alibi à son père et en faisant de la prison pour lui. La "famille" du crime n’est qu’un vaste échiquier où les pions les plus faibles sont sacrifiés sans remord. En prison pourtant, un seul point la réconforte. Son homme l’attend à l’extérieur, et il n’a rien à voir avec cet univers. Kid va cependant se laisser entraîner, d’abord guidé de bonnes intentions pour aider Nan. Gary Cooper est absolument remarquable dans sa mue criminelle, passant du grand échalas ahuri mais attachant à un un être à la présence froide, élégante et dangereuse. La transformation est bien sûr la plus visible dans l’aspect vestimentaire, mais c’est surtout le passage de la gestuelle désordonnée de l’homme-enfant turbulent à celle, mesurée, de celui désormais habitué à devoir sortir à tout moment son revolver qui impressionne. Le regard même de Gary Cooper, auparavant rieur et distrait, exprime désormais le calcul et la froideur (notamment l’expression ambiguë de ce regard lorsqu’il quitte Nan en prison, faisant douter de l’issue des retrouvailles à l’extérieur). Mamoulian fait habilement passer toute cette gamme de sentiments; et lorsque la redite du crime initial semble se rejouer, c’est bien le lien indéfectible des amoureux qui va dérégler la mécanique meurtrière et dominatrice si bien huilée. Tout ce qui les entoure est instable (Big Fellow prêt à se débarrasser de son amante comme un colis encombrant dès qu’une proie plus séduisante sera en vue) et ne se fixera que par une démonstration de force. Le scénario inverse donc le schéma initial avec le sacrifice de Nan au service de la cause noble de son amour et Kid qui pose son ascendant pour la même raison. Là encore, le réalisateur se passe de mots pour nous le faire comprendre, dans une magistrale scène d’action où Kid écrase ses adversaires de son sang-froid dans une course en voitures effrénée en parallèle d’un train puis sur de périlleuses routes de montagne. Les mouvements de caméra fluides, les incrustations habiles et le sentiment grisant de vitesse façonnent une séquence d’action stupéfiante. Les Carrefours de la ville diffère donc des sommets brutaux du genre par son absence de nihilisme, du refus de jubilation, de sadisme. C’est finalement un défaut et une qualité qui le démarquent, la naïveté de sa conclusion étant peu crédible mais satisfaisante pour le spectateur qui s’était attaché à ce couple.
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