TY - BOOK ID - 143790077 TI - Le nu et le désir PY - 1961 PB - Crosne : Charles Gagey, DB - UniCat KW - Erotica KW - Nudes in photographs KW - Nudity UR - https://www.unicat.be/uniCat?func=search&query=sysid:143790077 AB - " Le dictionnaire, qui est la Bible du langage, propose, pour le mot "nu", cette définition : "qui n'est point vêtu, qui n'est couvert d'aucun vêtement". Pour le mot "désir", nous entrons dans le domaine des hypocrisies. La définition est d'abord éludée, puisqu'on lit : désir, action de désir, ce dont tout un chacun se serait douté. Mais "désirer" nous donne de plus amples éclaircissements, rédigés toutefois de façon à laisser croire que chaque dictionnaire est réalisé par un conseil d'ecclésiastiques prudents. Nous lisons, "désirer" : aspirer avec plus ou moins d'audace à posséder un avantage qu'on n'a pas. Chaque lecteur aura deviné à quel avantage, dans le domaine du corps, on peut aspirer avec plus ou moins d'audace. Pour imparfaites qu'elles soient, ces définitions auront servi du moins à montrer la différence qui existe entre deux sortes de nus : le nu naturel et le nu visant à provoquer le désir. Charles Gagey, en une époque où l'on aurait un peu tendance, même dans notre beau pays, à feindre des pudeurs espagnoles, a voulu, par le texte et par les images, établir une distinction très nette entre le nu naturel, sain, qui ne peut choquer que les Tartuffe, et le nu "fabriqué". Tout a été utilisé, ou presque, dans le domaine de ces épices spéciales qui modifient le sens du NU. Les accessoires vestimentaires, les attitudes, l'expression même du visage et du regard. Tout ceci constitue "l'appel". Les Allemands ne s'y trompent pas, d'ailleurs, qui considèrent comme chaste le nu intégral et, par contre, condamnent les fanfreluches, les bas noirs comme autant d'éléments malsains. A force de cacher les corps, d'en faire des "objets honteux" (rappelez-vous les interdictions que l'on vous faisait au temps de votre pensionnat : défense de se regarder dans la glace, défense de laver telle ou telle partie du corps, présumée satanique), les pseudomoralistes sont parvenus à créer l'idée que le corps humain contenait en substance une force chargée d'érotisme latent. Comme les hommes ne sont que les hommes et que même à un innocent bœuf bouilli ils ajoutent des épices, ils en ont créé qui ont des noms : dentelles, bas noirs, etc. Mais que l'on nous permette une simple question. Si, depuis deux générations, les adultes étaient habitués à se voir nus entre eux, librement, à la piscine ou sur les terrains de jeux, croit-on que les spectacles de ce genre feraient encore recette?" ER -