TY - THES ID - 126999090 TI - Éthique réflexive et théorie de la norme chez Jean Ladrière : des systèmes complexes à l'agir responsable AU - Blésin, Laurence AU - Maesschalck, Marc AU - UCL.. ISP - Institut supérieur de philosophie PY - 2004 PB - Louvain-la-Neuve: UCL, DB - UniCat UR - https://www.unicat.be/uniCat?func=search&query=sysid:126999090 AB - Our PhD thesis was focused on an interpretation of the epistemological work of the Belgian philosopher Jean Ladrière. Its aim was an articulation of the theoretical and practical level of his research, in order to formulate in a positive way the conditions for a "reflexive ethics" appropriate to the stakes of our time. In particular, in the work of Ladrière, ethics becomes reflexive from the point of view of a theory of action which is able to conceive of reason as the realisation of its own totalizing power. Indeed, ethical reason is par excellence the moment of assumption of the totalizing power of action in its self-constituting dynamics, and so also of its reflexive force allowing surpassing its own effectuations in the course of its anticipative recapitulations. Through this construction of the reflexive requirements of ethical reason, Ladrière shows the possibility of elaborating a normative position in regards to the proliferation of ethical propositions in the social space. Notre thèse a consisté dans une interprétation de la démarche épistémologique de Jean Ladrière pour tenter d'articuler les versants théorique et pratique de son entreprise de manière à formuler positivement les conditions d'une « éthique réflexive » pour notre temps. Cette recherche prend son point de départ dans la réflexion que Ladrière propose de la société contemporaine, telle qu'envisagée par une lecture "systémique" au sein de laquelle oeuvre un ultra-rationnalisme. Nous avons cherché à comprendre les présupposés et enjeux d'un tel type de lecture. Ils apparaissent liés à la création d'une forme d'analogie entre le développement des systèmes naturels en équilibre et le développement des systèmes proprement organisationnels et institutionnels. Une telle interprétation ne peut alors conduire qu'à une interprétation naturalisante des institutions sociales, au sens où la finalité ne peut y recevoir qu'un statut d'auto-finalisation ou de finalisation immanente telles qud décrites au sein des systèmes naturels. Au sens aussi où est mise à l'avant-plan la dimension de l'auto-reproduction du système comme unité organisationnelle clôturée, c'est-à-dire du niveau structurel ou syntaxique, avec mise entre parenthèse de toute référence sémantique. Les travaux de Luhmann viennent illustrer ce type de dynamique. Pour Jean Ladrière, seule une conception de la rationalité qui prenne en compte tant le point de vue syntaxique que le point de vue sémantique peut se révéler porteuse d'un sens. Le structurel ne peut être réellement compris que depuis la dimension diachronique de l'usage concret et engagé. C'est donc en faisant appel à une théorie de l'action comprise chez lui comme capable de thématiser par elle-même la raison comme réalisation de son pouvoir totalisateur, que Jean Ladrière propose une possible réinterprétation des figures systémiques de la rationalité contemporaine. La systémique doit finalement être comprise comme une figure partielle et provisoire d'un mouvement dynamique, celui du procès de la raison. La raison n'est pas un pouvoir tout fait, toujours égal à lui-même, donné une fois pour toutes. Elle ne cesse d'advenir et de se présenter à elle-même comme question. Or, pour que la raison puisse ainsi se comprendre elle-même comme question, elle doit se mettre en jeu dans un devenir historique. C'est à partir de ses oeuvres qu'elle peut faire retour à elle-même et se comprendre comme mouvement réflexif. C'est dans son moment d'objectivation qu'elle s'engage dans le moment historique et qu'elle se vit comme mise en question d'elle-même : mise en question comme capacité à expliquer les phénomènes et mise en question comme capacité à ouvrir la possibilité d'un sens. L'engagement dans le moment est donc, pour la raison, lié à une déstabilisation qui l'ouvre à elle-même et lui permet de se comprendre comme question et comme devenir, mais aussi comme responsabilité et devoir de vigilance. Par là, la raison s'objectivant ajoute au monde lui-même un moment réflexif. En s'engageant dans le devenir, la raison devient le lieu d'une réinterprétation du sens de l'humain et donc de son propre sens. Il y a, chez Jean Ladrière, une éthicisation de la raison. ER -