TY - BOOK ID - 110680003 TI - Force de figures : le travail de la figurabilité entre texte et image. PY - 2017 SN - 9782930174495 2930174498 PB - Bruxelles : La Part de l'oeil, DB - UniCat KW - Sémiotique et art. KW - Semiotics and art UR - https://www.unicat.be/uniCat?func=search&query=sysid:110680003 AB - Dans une étude fondatrice, Erich Auerbach décrivait l’évolution philologique du mot figura de ses origines jusqu’à la fin du moyen âge et, ce faisant, identifiait une notion centrale de l’histoire des représentations en Occident. Il y mettait en évidence comment cette figure prend son origine dans une interprétation spirituelle de l’histoire sainte pour devenir, par transfert, un mode de représentation. Ainsi est-elle le produit d’une "alliance de spiritualité et de sens du réel", d’où l’indétermination et l’ouverture qui en constituent la richesse et la complexité. Une telle enquête historique et sémantique peut être prolongée vers la période de transition que constitue la première modernité (XVe-XVIIe siècles). On assiste alors à d’importants glissements de sens qui participent à la constitution des grands champs du savoir, lesquels n’en continuent pas moins de communiquer entre eux, notamment par le biais d’une réflexion commune sur les enjeux de la représentation. La pertinence d’observer les mutations de la figura sur cette période est d’autant plus grande qu’apparaissent alors non seulement de nouveaux genres iconotextuels, comme l’emblématique, mais plus fondamentalement un nouveau mode de penser (dont témoignent ces genres), issu d’une refondation de la pensée figurée dans les termes d’une "symbolique humaniste" (ars symbolica), importante à tel point que certains n’ont pas hésité à identifier une aetas emblematica afin de marquer l’imprégnation de ce mode de penser dans tous les domaines de la culture européenne. Par ce biais, la figure, tout à la fois rhétorique, théologique et visuelle, informe profondément l’ensemble des représentations, dans leurs formes et dans leurs sens, produisant en leur sein un champ de tensions et de forces se manifestant à travers des processus d’échanges et de contamination entre ses trois dimensions. Cette prégnance de la figure et de ce travail entre rhétorique, herméneutique et poétique fait en outre émerger une pensée spécifique de la représentation dont les théories s’en trouvent développées et bouleversées entre XVe et XVIe siècles. C’est ainsi que l’on passe du champ de forces de la figura à la mise en valeur du travail de la figurabilité, et que se trouve ex-pliquée leur relation substantielle, impliquée par la dimension protéiforme de la figura ancienne. Entamer et concentrer l’enquête sur le début de la période moderne présente donc un double enjeu, historique et historiographique, ce à quoi ce dossier entend s’attacher. Peut-on d’une part définir des régimes historiques de la figurabilité, ancrés dans les transformations de la figura ? Quelles en seraient les modalités ? L’historicisation permet de mieux comprendre le lien fort entre figura et figurabilité, et ainsi de réintégrer dans la réflexion théorique d’autres composantes de cette figurabilité, qui en accroissent la complexité et renforcent son positionnement au cœur d’une configuration épistémique, dont les paramètres changent au cours du temps. L’enjeu historiographique consiste d’autre part en un retour critique sur l’élaboration de la figurabilité chez des auteurs qui ont renouvelé profondément l’interprétation des images et des textes, tant en amont qu’en aval du tournant freudien. Si le concept n’a été formellement théorisé et utilisé dans les études des arts visuels et poétiques qu’au XXe siècle, il n’en est pas moins déjà élaboré sous d’autres vocables et dans d’autres définitions, précisément par le biais des mutations de la figura. ER -